La rue longue : histoire d’une déviation

© Ville de Menton

Menton est née aux alentours de 1250. Le centre historique de la ville s’est construit autour de la voie romaine qui le traversait. Seule voie menant vers l’Italie, la Via Aurélia devient Via Julia Augusta au premier siècle de notre ère.

En partant de l’Italie, la voie romaine contourne les Rochers rouges, enjambe le torrent Saint-Louis, passe aux Cuses, rejoint Sainte-Anne, puis entre dans le vieux Menton. Elle prend ensuite la rue Saint-Michel, la rue de Bréa, traverse les vallons du Fossan, du Careï, du Borrigo, de Gorbio, après être passée derrière la Madone pour aller vers la station de Lumone au Cap Martin.

Dans la partie de la vieille ville, elle est connue sous le nom de "Caméra recta", avant de devenir la "Rue Longue". Réparée en 1908, elle est pavée de pierres de la Spezia (région de Ligurie).
Rue principale, elle est bordée d’échoppes, de tavernes et de relais muletiers.

La voie romaine demeure l’axe de circulation de la ville ancienne pendant toute la période médiévale (moitié XIIIème au XVIème siècle).

A la traversée de la vieille ville, elle est fermée par deux portes : la porte Saint-Antoine, côté France et la porte Saint-Julien, côté Italie.

Au début du XVIIIème siècle, avec l’accroissement de la population. Menton se tourne vers une économie moderne fondée sur l’agrumiculture, l’oléiculture, le commerce et le cabotage

La rue Longue ne permet plus d’assurer le transit entre la France et l’Italie : il faut désormais s’adapter à l’évolution des transports et notamment aux activités commerciales liées à la mer. La topographie est le facteur majeur à l’origine de l’abandon du site de la ville primitive.

Les plans urbains

Divers plans urbains de 1811 aujourd’hui permettent de comprendre précisément comment la rue Longue à perdu son caractère d’artère principale.

Les conditions modernes de liaison expliquent pourquoi la vieille ville a été détournée de son activité de centre urbain et de passage. Le plan de 1811 donne une idée assez précise de l’état de la ville au XVIème siècle. Il fait apparaître le Bastion, un système de défense autonome, desservi par une petite jetée formant une anse abritée. Les maisons du quartier des pêcheurs s’avancent dans la mer et constituent une seconde baie dans laquelle s’échouent les bateaux.

Après un décret de Bonaparte de 1808, on décide de construire un quai entre la mer et le rocher, afin de délester la rue Longue. Elle est encore l’artère principale. Mais avec la construction du quai Bonaparte, elle se trouve définitivement écartée de sa fonction de transit et la vieille ville n’est plus en rapport

En 1811. Le quai a une largeur de 7 mètres et rejoint la rue Saint-Michel. Sa construction permet l’aménagement de l’anse de la place du Cap. La ville ne compte toujours pas de port.

En 1858, un rez-de-chaussée à arcades est édifié devant le soubassement de rochers supportant les façades du quai Bonaparte. Des boutiques y sont implantées. On constate cette évolution urbaine dans le plan de 1862.
L’avancée vers la mer entame la rupture avec le noyau originel de la vieille ville.

En 1879, il n’existe toujours pas de port à Menton. Les bateaux accostent sur la grève, à l’emplacement actuel du marché. Les flots viennent mourir près des Logettes et de la Place du Cap. Au pied de la ville se trouve un petit abri, le "portigliolo". Un petit promontoire, le "poutioure" s’avance dans la mer.

En 1867, Napoléon III décide la construction du port, comme récompense du vote des Mentonnais en faveur du rattachement à la France. Le port sera terminé en 1890.

Cependant, il manque une contre-jetée, projetée en 1892. Sans cet aménagement, le port devient quasi impraticable. La contre-jetée ne sera réalisée qu’en 1960, elle complète la modernisation du port.

Le premier quai s’avère trop étroit. Son élargissement est décidé ainsi que son prolongement autour du quartier des pêcheurs, afin de rejoindre la jetée du port.

Les travaux sont réalisés en 1902.

L’aspect du quai perdurera jusqu’à l’aménagement de la baie. Il est composé d’une succession d’arches plongeant dans l’eau et supportant une large rue.
Sur un plan plus récent, on constate la création de nouvelles voies. La rue Saint-Michel est abandonnée au profit du bord de mer.

Plus tard, elle sera mise en zone piétonne. La plage des Sablettes est aménagée en avant du quai Bonaparte.
L’axe de circulation qui traversait la vieille ville et lui donnait vie est totalement délaissé. Complètement excentré, le noyau originel perd sa fonction de concentration urbaine.

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