La culture : c’est à vous !

« Artium civitas », Cité des Arts La devise, inscrite à l’entrée de l’Hôtel de Ville, traduit la vocation culturelle de Menton qui s’exprime dans la valorisation du patrimoine – monuments et jardins. Une vocation confirmée par l’attribution, en 1991, du label « Ville d’Art et d’Histoire » Plusieurs musées, une galerie d’art contemporain et un calendrier événementiel riche – le Festival de Musique, les Colloques « Penser notre temps », le Festival des jardins ...

Naissance d’une ville

Menton a connu son développement urbain sous les différents règnes des seigneurs de la cité. Sous les Vento », l’habitat médiéval est centré sur la vieille ville, puis, progressivement, sous les Grimaldi, avec l’accroissement de la population la ville connaît une extension vers l’Ouest.
Menton commence à se construire aux alentours de 1249, au moment où les Vento, une noble famille génoise, prennent possession du fief. Guillaume Vento fait construire le château.

Le site est alors composé de trois versants : l’un descend en gradins vers l’est sur la mer, l’autre au sud-ouest vers un promontoire rocheux (entre les deux baies), le troisième vers le val du Fossan. L’évolution urbaine de la ville s’est faite ainsi, de l’est vers l’ouest. Elle est étroitement liée aux deux grandes périodes économiques qu’a connues Menton : une économie ancienne et féodale, fondée sur la pêche, l’agriculture (cultures céréalières et arbustives, c’est-à-dire figuier, vigne et noisetier) et l’élevage, puis vers le XVIème et le XVIIème siècle, une nouvelle économie fondée sur le commerce, avec l’apparition de l’agrumiculture.

A l’époque médiévale, la ville ancienne s’aménage peu à peu au pied du château, c’est la première phase de "l’urbanisation" mentonnaise. L’homme a choisi de s’implanter dans cette position dominante, au sommet d’un éperon surplombant la mer de 80 mètres, afin de surveiller et défendre son territoire. Ensuite, par des temps plus calmes, il conquiert progressivement les vallées et les plaines.
Orientée à l’est, la ville ancienne surveille l’entrée de l’actuelle Italie. Le seul axe de circulation est la voie romaine longeant la côte et la traversant (rue Longue ou Carriera recta). Les ruelles sont étroites et sombres, contrastant avec quelques échappées sur un paysage maritime et lumineux. Les passages sont voûtés, et les maisons dont les façades sont très resserrées, se construisent sur les différents niveaux de la colline dans le sens de la verticalité. En haut, le château des seigneurs domine le site. Il représente la défense et la protection avec ses remparts, ses tours et sa forteresse. Sur cette même déclivité : l’église symbolisant la vie religieuse, familiale et sociale. La première église Saint-Michel apparaît en 1302. A cette époque, la religion catholique règne en maîtresse sur la ville.

L’HABITAT MÉDIÉVAL

La ville médiévale s’étage sur le flanc est de l’éperon rocheux du château et se prolonge à l’ouest par le quartier des pêcheurs.
Tout autour et au fur et à mesure que la population s’accroît, les maisons descendent vers la mer, sans souci d’alignement, de composition puisqu’elles donnent sur la mer. Elles ne sont que de simples abris, de type ligure, reflétant la manière de vivre des habitants : les paysans passent la journée aux champs et ne rentrent en ville que le soir ; l’été, ils restent sur place et vivent dans des cabanes. L’habitat rural est conçu de manière très fonctionnelle. Il est construit avec des matériaux de récupération (galets, pierres de campagne, tessons de céramique...). Les "maisons tours" ont des travées petites, très étroites (pas plus de 3 m de large) et profondes, que la mer baigne directement. Cette spécificité est due à la topographie de la vieille ville.
Les façades ne sont pas soignées, côté mer. Au rez-de-chaussée, se trouve toujours la cave dans laquelle sont entreposées les réserves d’aliments et l’huile d’olive. Elle fait aussi parfois office d’écurie.
Aux étages, on constate un fonctionnement complexe dû aux dénivelés importants. Au premier étage : la pièce commune et au fond, l’alcôve réservée aux parents. L’habitat médiéval ne comporte jamais plus de trois ou quatre pièces. La cité demeure telle quelle sous les règnes de Vento, puis des Grimaldi, seigneurs de Menton à partir de 1346.

LES MAISONS DE NOTABLES

A la fin du XVIème siècle et au début du XVIIème siècle, le prince Honoré II de Grimaldi qui règne sur la cité favorise l’extension de la ville, conséquence de l’accroissement de la population. A lieu une deuxième "phase d’urbanisation" de la ville. Une partie moderne est construite dans la vieille ville : la rue Longue avec le palais des Princes et l’hôtel Pretti, conçus dans la pure tradition génoise. Les princes de Monaco abandonnent le château pour y aménager. Dans ces demeures somptueuses, certains éléments sont caractéristiques : le vestibule et son escalier, l’inter étage, les décors en trompe-l’œil, les frises, les fresques. La rue demeure close à ses deux extrémités : la porte Saint-Julien vers l’Italie et la porte Saint-Antoine, vers l’ouest. En 1618, Honoré II de Grimaldi fait construire un nouvel axe de communication, la rue Neuve, pour donner un accès au couvent des Capucins, qui vient d’être fondé (1615).

L’église Saint-Michel est agrandie et "ouverte" sur un parvis, vers la mer et la ville. Les travaux sont terminés en 1653. En 1639, en avancée sur la mer, Honoré II de Grimaldi fait aménager un fortin pour assurer la défense de la ville en avant et de façon autonome, le Bastion. On y accédait par un escalier à l’extrémité du promontoire et par un pont-levis ! Le quai Monléon n’existait pas. De nouvelles maisons sont construites par les familles aisées (Monléon, Bréa, Trerica, et la première partie de la rue Saint-Michel).

Cette époque se distingue par un apport d’éléments de décors en façade de style classique : frontons, linteaux, encadrements de baies et moulures, colonnades et arcades, médaillons de plâtre moulé. C’est la première extension de la ville vers l’ouest et la troisième "entité urbaine". Au XVIIème siècle, Menton a complètement abandonné la vieille économie médiévale et tire ses ressources de l’agrumiculture, de l’oléiculture, du négoce et du cabotage. Se développe le quartier des commerçants avec la première banque, les commerces sur la place "Honoré" (l’actuelle place Clémenceau), notamment les tonneliers qui fabriquent les caisses d’emballages de citrons destinées à l’exportation. Le nouveau quartier Saint-Michel et le quartier autour de la place du Cap deviennent les points névralgiques de la cité. La séparation avec la vieille ville est entamée. C’est la rupture architecturale entre ces nouveaux quartiers et l’urbanisation ancienne.

La ville continue de s’étendre vers l’ouest et atteint le Fossan. Quelques maisons sont même construites au-delà de cette vallée, ce que l’on appelle le "Faubourg". Afin de désenclaver la rue Saint-Michel, est créé sur le front de mer le quai Bonaparte. Il est construit sous l’Empire par Napoléon Bonaparte, pour remercier les Mentonnais d’avoir voté en faveur du rattachement de la commune à la France. Il sera terminé sous le Second Empire. Cet aménagement va radicalement modifier la perception de la ville, les façades arrière de la rue Longue devenant les façades avant.

LE CŒUR HISTORIQUE EXCENTRÉ

La ville est complètement sortie de son ancienne enceinte. Au XIXème siècle, avec l’arrivée des colonies anglaise et russe, les
princes élèvent en retrait de la mer de beaux hôtels hivernaux aux noms séduisants :
le "Winter Palace", le "Riviera Palace". Ce sont les premiers hôtels "à l’anglaise", tels que nous les connaissons aujourd’hui.
D’inspiration orientale, dans la pure tradition coloniale, ces grands palaces font de Menton une station balnéaire recherchée, d’autant que le chemin de fer est apparu.
L’extension continue vers l’ouest, l’urbanisation atteint le Careï et le Borrigo, mais s’oriente aussi vers l’est, côté baie de Garavan, qui connaîtra une urbanisation fulgurante au XXème siècle. En 1902, le quai Bonaparte est élargi et plus tard, la plage des Sablettes est créée. Aux barrières naturelles se sont ajoutées celles artificielles, de la voie ferrée et des grands axes de circulation ouest/est, dont l’autoroute. Avec ce développement à l’ouest, le noyau originel est aujourd’hui complètement excentré, mais aussi à l’écart des grands flux de circulation

Sources : "Histoire de la population mentonnaise" de Louis Caperan-Moreno. 1980.


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