La culture : c’est à vous !

« Artium civitas », Cité des Arts La devise, inscrite à l’entrée de l’Hôtel de Ville, traduit la vocation culturelle de Menton qui s’exprime dans la valorisation du patrimoine – monuments et jardins. Une vocation confirmée par l’attribution, en 1991, du label « Ville d’Art et d’Histoire » Plusieurs musées, une galerie d’art contemporain et un calendrier événementiel riche – le Festival de Musique, les Colloques « Penser notre temps », le Festival des jardins ...

Décadrages épisode 2 – Étude pour l’affiche du Festival de Musique

C’est au cours de l’été 1955 que Jean Cocteau découvre la ville de Menton. Depuis le début des années 50, il réside une partie de l’année sur la Côte d’Azur, dans la villa de son amie et mécène Francine Weisweiller, située à Saint-Jean-Cap-Ferrat, près de Nice.

Le 3 août 1955, il est invité à assister au Festival de Musique de Menton, qui se déroule sur le parvis de la Basilique Saint-Michel, dans la vieille ville. Cocteau garde de ce premier contact un souvenir ému, comme en témoignent ces lignes consignées dans son journal :

«  Au milieu de l’ignoble vulgarité de notre époque, c’est une grande surprise que le spectacle du festival de musique à Menton. Rien ne peut s’imaginer de plus étrange. On arrive par des marches en pente douce dans une gigantesque chicane de lumières, d’ombres, de façades riches et de façades pauvres, à l’italienne. […] Une foule respectueuse et silencieuse écoutait Les Quatre Saisons de Vivaldi. L’acoustique est celle d’une salle de rêve où les murmures de la rue et de la mer nourrissent en quelque sorte le silence et le font vivre. […] Tout cela d’un luxe et d’une simplicité dont on n’a plus la moindre idée.  »

Lors de cette soirée, Jean Cocteau fait également la connaissance du maire de Menton, Francis Palmero, qui lui proposera peu après de décorer la salle des mariages de l’hôtel de ville. L’année suivante, il intégrera également le comité d’honneur du Festival aux côtés de son ami Darius Milhaud et de Marc Chagall, rédigera la préface du programme et sera chargé de dessiner l’affiche de l’édition de 1956.

Pour cette affiche, Cocteau compose trois projets différents. Le premier figure une jeune guitariste tzigane coiffée d’un chapeau, inspirée d’une photographie de son ami Lucien Clergue. On reconnaît sur le deuxième le profil d’Orphée accompagné de sa lyre qui se confond avec les cornes d’un bœuf.

La troisième étude, réalisée aux crayons de couleur sur un carnet à dessins, représente un concert du Festival : le chef d’orchestre, de dos, dirige une chorale. La statue de Saint Michel, qui orne la façade de la basilique de Menton, lui fait face ; Cocteau s’est particulièrement attaché à transcrire le sourire énigmatique du démon piétiné par l’archange.

Par une curieuse licence artistique, Cocteau représente la statue au même niveau que l’orchestre, alors qu’elle se trouve en réalité à plus de cinq mètres du sol. Sur les partitions du chœur, on peut lire le nom de Jean-Sébastien Bach, compositeur que le poète admirait tout particulièrement. En août 1955, quelques jours après sa découverte du Festival, il y était retourné pour assister à une représentation de quatre pièces de Bach qu’il avait trouvée « sublime ».

C’est finalement la première version qui sera retenue pour l’affiche. Mais les deux autres études seront tout de même éditées en lithographie par Fernand Mourlot, grand spécialiste de l’impression d’art, qui est devenu dans les années 1950 un collaborateur régulier de l’artiste.

Le dessin original quant à lui fut la première pièce offerte par Séverin Wunderman à la ville de Menton en 2004, en prélude à la donation complète de sa collection l’année suivante.


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