Agrumiculture mentonnaise

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Histoire de l’agrumiculture à Menton

L’agrumiculture Mentonnaise a commencé lentement son développement à la moitié du 15ème siècle.

Auparavant la vie Mentonnaise essentiellement agricole est du type médiéval : céréales, vignes et figuiers composent le paysage de Puypin.

A la faveur de 2 accords avec les Comtes de Provence les importations en franchise de blé provençal peuvent se faire.

L’économie locale se modifie. Les Mentonnais intensifient la culture des oliviers et les premiers moulins à huile apparaissent en 1341.

Un siècle et demi plus tard un accord avec la Provence devenue Française permet d’importer en totalité le blé du Var. La traditionnelle économie médiévale est abandonnée, Menton voit ses versants se peupler d’oliviers et timidement apparaissent les premiers agrumes.

Dans un texte de 1471 il est fait mention d’une « terre coplantée de soixante sept arbres sitronariorum  ».

On retrouve la trace de la première exportation en 1495 sous la forme de deux écus d’or remis à Jérôme GRIMALDI en paiement de deux charges de «  pommes d’oranges  » envoyées au Duc d’Orléans.

Le véritable essor de l’agrumiculture apparaît réellement deux siècles plus tard avec les textes règlementants la culture du citron.

Les Princes de Monaco promulguent plusieurs textes fondamentaux. En 1671 le Prince Louis 1er institua le « Magistrat des Citrons » .

En 1683, une ordonnance règle la culture et la vente des Citrons. En 1693, institution des anneaux de calibrage des fruits.

En 1701 ordonnance créant le « magistrat de santé » qui a pour mission de veiller à l’état sanitaire des exportations de fruits ; en 1733 réglementation du traitement des citrons destinés à l’exportation.

L’âge d’or du Citron dura environ un siècle entre 1740 et 1840. Le commerce est très florissant et essentiellement axé sur l’exportation.

Pratiquée le plus souvent dans des jardins de petite superficie, les rendements à l’hectare sont de l’ordre de 30.000 citrons avec des pointes à 35.000.

Une fois cueillis, les citrons étaient apportés dans de grandes salles près du littoral où ils reposaient un certain temps avant d’être triés et calibrés. Ensuite ils étaient enveloppés dans du papier de soie fabriqué à Gênes. Le calibrage s’effectuait avec des spetzins (anneaux). Une réglementation très stricte avait été édictée en 1693 par ordonnance souveraine du Prince de Monaco.

Puis les citrons étaient mis en caisses, les contenances variaient en fonction de la destination. Au XIX ème siècle il existait trois sortes de caisses : les « lyonnaises » contenant 500 citrons, les « flandrines » contenant 400 citrons et les « messinoises  » contenant 360 citrons.

La cueillette des citrons

Les premières étaient destinées à la France, les seconde à l’Europe du Nord et les troisièmes au USA.

Le commerce florissait sur toute l’Europe, et de nombreuses villes reçoivent des citrons de Menton : Hanbourg, Amsterdam, Dantzig, varsovie, Saint Petersbourg.

Trois variétés de citronnier sont cultivées sur Menton. Il s’agit des « Bignettes » qui produisent des fruits à peau lisse et fine, très juteux.

Ensuite les « Sériesqués » à peau épaisse et lisse et qui contiennent moins de jus que les Bignettes.

Enfin les « Bullotins » peu courant à Menton. Les fruits sont plus gros, leur peau est très épaisse et raboteuse » et ont peu de jus.

Le Citronnier « cet arbre si productif, écrit PAPON en 1804, donne 4 à 5 fois dans l’année et peut être davantage ». En effet lorsqu’il est sain et qu’il n’a pas subi les attaques des intempéries il produit toute l’année. Les fleurs du mois de Mai donneront les fruits qui sont appelés "PRIME FIOU" (première fleur) et qui se ramassent d’octobre à février. La récolte de ces citrons se fait en plusieurs fois. Plus on réitère les cueillettes plus on soulage l’arbre et plus on le facilite à pousser.

En mars viennent les fruits de "SEGUNDE FIOU" (seconde fleur). Ceux-ci sont plus fragiles et se gardent moins bien aussi pour les exportations lointaines, les marchands optent pour les 1ères fleurs. « Bien choisis et bien encaissés les citrons se gardent jusqu’à 6 mois ».

Enfin la troisième récolte qui se fait en été est appelée "VERDAME".

Dans un rapport d’expertise sur l’agriculture Mentonnaise en 1810, l’expert Richard estime que les meilleurs terres peuvent contenir 120 citronniers par sétérée soit 780 arbres à l’arpent. De même l’expert Richard estime que les meilleures terres de citronniers rendent 22000 fruits par sétérée, soit 143000 à l’arpent. En terme de revenu selon les calculs de l’expert, le produit brut est de 243,98 francs par sétérée pour des arbres de 1er classe.

Pour déterminer le revenu net par sétérée, il est nécessaire de déduire de ce produit brut les charges d’exploitations.

NB : 1 arpent =100 perches soit environ 34 ares.

C’est ainsi qu’il convient de soustraire une somme de 9 francs pour le labour de la parcelle (6 journées d’hommes).

Ensuite le prix de 8 journées d’hommes pour faire un fossé autour des citronniers et y enterrer l’engrais soit 12 francs mais comme cette opération s’effectue tous les 2 ans, on ne comptabilise que 6 francs. L’engrais intervient à raison de 12 francs de chiffons et de fumier par arbre soit 65 francs. L’arrosage pour 7,50 francs.

Les citronniers sont arrosés une fois par semaine pendant les 4 mois d’été et l’entretien des rigoles nécessitent 5 journées d’hommes à 1,50 francs. Enfin 20 journées d’homme à 2 francs pour la taille des arbres soit 20 francs, soit un total de 107,50 francs de charges d’exploitation.

D’après les travaux de l’expert Richard le revenu annuel des citronniers de 1ère classe est fixé par l’administration à 136,48 francs par sétérée et à 887,12 francs par arpent métrique.

La production locale

Il existe dans le pays quelques exploitations qui produisent une importante quantité de fruits.

C’est ainsi que Jérôme Monléon récolte dans sa seule propriété 435.000 citrons en 1809, 481.000 en 1810 et 610.000 en 1811. Mais les grandes propriétés sont rares à Menton et la production d’agrumes provient surtout des petites exploitations. Ainsi, dans les jardins de Carnolès et de Saint-Roch qui appartenaient au Prince de Monaco sous l’Ancien Régime, on a cueilli, du 19 frimaire au 14 nivôse an III : 22.450 citrons pour le compte de Carlès-Falquet, 20.350 oranges pour Horace Pretti et 20.350 oranges pour Jean-Baptiste Trenca. Le 13 ventôse, ce sont 2.750 oranges de rebut et 425 citrons de rebut qui ont été cueillis pour Laurent Massa ; enfin le 22 nivôse, 513 citrons sont ramassés pour Carlès Falquet dans le jardin de Saint Roch.

Selon Jérôme Monléon, Maire de Menton, le nombre d’oranger dans l’étendue du territoire communal peut s’élever à 6.000 environ, qui produisent de 800.000 à 900.000 fruits. Les bigaradiers sont moins nombreux. Il y en a, à peu près, 2.000 localisés dans les jardins les plus exposés aux rigueurs de l’hiver. En effet, dans les quartiers bien abrités on ne rencontre pas de bigaradiers, exceptés dans les pépinières. La récolte est beaucoup moins importante, d’autant que les fruits sont vendus à bas prix et qu’on les laisse parfois pourrir sous les arbres, faute de débit.

Les citronniers sont les plus nombreux : 80.000 arbres environ et leur produit moyen est de l’ordre de 12 millions de fruits.

En 1810, soit deux ans plus tard, le Maire déclare que « les terrains plantés en limoniers ne peuvent rapporter, année commune, qu’une quantité moyenne de 108.000 fruits par arpent métrique ». La culture de citronniers occupant 140 arpents, la production locale s’élèverait alors à plus de 15 millions de citrons.

D’après les calculs que nous avons pu effectuer à partir des « tableaux indicatifs des propriétaires, des propriétés et de leur contenance » de 1811, ainsi que du rapport de l’expert Richard-Bourg de 1810, nous obtenons à peu près les mêmes résultats. Les 140 arpents de citronniers produisent 12.800.000 fruits environ et les 75 arpents coplantés d’oliviers et de citronniers rapportent approximativement 3.500.000 citrons, soit un total de 16.3 millions de fruits ; ce qui semble être une bonne moyenne.

LA REGLEMENTATION DE LA CULTURE DES CITRONS

La culture des citrons représente l’activité économique dominante du pays et constitue l’une des principales préoccupations des Mentonnais. Dès lors, elle fait l’objet d’une réglementation abondante et détaillée.

« Le magistrat des citrons »

Sous l’Ancien Régime, la législation princière est assez favorable aux petits exploitants qu’elle protège d’une domination éventuelle des gros négociants. Cependant, la taxation des citrons procure des ressources financières conséquentes pour le Prince de Monaco.

Au plan communal, les syndics et les conseillers de la commune délibèrent fréquemment sur ces questions et c’est à eux qu’il appartient de désigner les « sensali », c’est-à-dire les courtiers en citrons. Ils procèdent également, chaque année, à la nomination des deux « compteurs » des citrons, accompagnés plus tard dans leur tâche par les assistants aux récoltes. Enfin, ils sont encore habilités à réglementer la matière et à fixer notamment le prix des citrons.

Les principaux textes régissant la cueillette et la vente des citrons sont, pour l’Ancien Régime, le Règlement de 1671 repris dans les Statuts de Louis 1er en 1678 et les Statuts de 1701.

La première grande ordonnance connue réglementant la principale culture de la région date donc de 1671. C’est à cette date qu’un conseil spécial est institué ; il est composé de dix huit personnes nommées chaque année par le Prince et soumis à un règlement inséré dans les Statuts de Louis 1er de 1678. Ces mêmes statuts consacrent également plusieurs articles à la vente des citrons de Menton et à leur taxation. Ce conseil spécial modifié à plusieurs reprises, prend le nom « Magistrat des citrons » (ou Magistrat des limons).

Cet organisme a ses lois et ordonnances particulières afin d’exercer sa juridiction sur la culture et le commerce des agrumes. Le magistrat des citrons, qualifié de Prud’hommes par Fodéré, est une institution extrêmement utile puisqu’elle soustrait « le peuple au monopole des principaux marchands ». Ses attributions sont étendues : il est chargé de désigner les endroits où l’on peut commencer la cueillette des citrons, de soutenir le cours des fruits à leur juste valeur, d’en fixer le prix à un taux permettant d’éviter les fluctuations préjudiciables aux producteurs, d’en organiser et d’en faciliter la débite.

Bref, « l’étranger qui vient acheter n’a qu’à s’adresser à ce magistrat, et son chargement est d’abord prêt ».

L’agrumiculture locale atteignit son apogée dans les années 1820 - 1840. L’âge d’or du Citron Mentonnais dura environ un siècle. Dès 1850 les problèmes commencèrent à prendre une ampleur qui allait précipiter le déclin de l’agrumiculture.

Celle-ci avait déjà dû subir un certain nombre de crises dues aux conditions climatiques ou aux circonstances internationales.

Aucune cependant n’avaient réellement mis en danger l’infrastructure du commerce local. A partir de 1850 plusieurs causes d’un nouveau genre vont mettre un terme à l’agrumiculture Mentonnaise. Pour les causes d’origines locales il y eut d’abord le gel qui a deux reprises décima un grand nombre de citronniers. Puis les techniques de culture qui n’évoluent pas et qui restent les mêmes qu’au moyen-âge : méthodes archaïques, défaut d’irrigation fumure quasiment inexistante entraînant des phénomènes de production alternée.

Ensuite le morcellement extrême des surfaces cultivables et le nombre importants des chemins ruraux, plus de 450, que l’administration refuse d’entretenir à partir de 1861. Pour terminer les causes locales, Menton ne dispose toujours pas d’un véritable port de commerce permettant la venue de grosses unités. Les armateurs préfèrent négocier avec l’Italie et l’Espagne.

Autre cause importante, la naissance du tourisme, qui provoque une vague de spéculation foncière qui se traduit par la vente des terres agricoles pour l’édification de grands hôtels et de villas. Des causes extérieures toucheront également l’agrumiculture : la signature de deux traités économiques abaissant les droits de douane en 1861 et 1866. Les fruits produits en Italie et en Espagne sont bien moins chers, et donc plus concurrentiels. Autre paramètre important, la navigation autrefois à voile, aujourd’hui à vapeur, permet des transports plus rapides. Les produits étrangers deviennent plus compétitifs et de ce fait entraînent un effondrement des cours et la ruine de nombreux producteurs.

Menton voyait disparaître lentement ce qui avait fait sa richesse, l’agrumiculture et le cabotage. Puis ce fut la première guerre mondiale et la disparition de toute une jeunesse active. Quelques vieux agrumiculteurs tentèrent bien de sauver ce qui pouvait l’être encore. On relève en 1950, la présence de sept marchands de citrons à Menton. Mais la profession avait changé et les débouchés exclusivement locaux. Le terrible gel de 1956 mit un point final à la culture que les ancêtres Mentonnais avaient organisés et développé durant cinq siècles.

Aujourd’hui, la Ville incite les propriétaires à replanter citronniers, orangers, clémentiniers et autres kumquats. Le "citron de Menton" bénéficie désormais d’une Indication Géographique Protégée.

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