Stanislas Bonfils, un naturaliste mentonnais

Il y a 120 ans, la Ville de Menton fondait son premier musée par une délibération du Conseil municipal du 29 mai 1878. A l’origine de ce musée, il y avait le cabinet d’histoire naturelle, créé en 1867 à titre privé par Stanislas Bonfils, un naturaliste mentonnais. A partir du 7 mai, le musée de Préhistoire régionale rendra hommage à cet homme qui fut le premier conservateur à Menton...

En 1867, Stanislas Bonfils décide de créer dans son propre logement un cabinet d’histoire naturelle ouvert à tous. Il peut ainsi montrer à un public, composé essentiellement d’hivernants en villégiature à Menton et d’érudits de passage, ses découvertes naturelles : un grand nombre de fossiles de la région de Menton, le produit de ses fouilles dans les Grottes de Grimaldi, ainsi que des échantillons d’animaux et de plantes qu’il a su conserver. En 1878, Stanislas Bonfils propose au maire, Gaspard Médecin, de faire l’acquisition de ce cabinet d’histoire naturelle pour la Ville de Menton. Il lui demande, en contrepartie, d’être nommé conservateur et rémunéré pour cette fonction. Le maire et le Conseil municipal acceptent sa proposition. C’est ainsi que le premier musée municipal de Menton voit le jour dans un local de la mairie (elle se situait alors place Nationale, devenue place Clémenceau), qui hébergeait aussi la bibliothèque. En 1902, la mairie, le musée et la bibliothèque sont transférés rue de la République, dans l’actuel bâtiment de l’Hôtel de Ville. Une école de dessin est également créée.

UN NOUVEAU MUSÉE

Dès le début des années 1900, est né le projet de construire un bâtiment spécialement affecté au musée, à la bibliothèque et à l’école de dessin. Les locaux de la mairie sont en effet devenus trop exigus, les collections étant enrichies par des dons de tableaux.
La première pierre du projet de l’architecte mentonnais Adrien Rey est posée en 1906 et le musée de la rue Loredan-Larchey est inauguré en 1909, à l’emplacement de l’ancienne place des Carmes.

Stanislas Bonfils ne connaîtra pas ce nouveau musée où sont installées au rez-de-chaussée l’exposition d’histoire naturelle et d’archéologie ainsi que la bibliothèque ; au premier étage, l’exposition de peintures et au sous-sol, l’école de dessin. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le Commandant Octobon, préhistorien reconnu et ancien élève de Stanislas Bonfis, réaménage l’espace consacré à la préhistoire et à l’archéologie avec le conservateur Emile Martini. Il fait don au musée de nombreuses collections et obtient des donations d’autres collectionneurs. Dans les années 70, le conservateur Jacqueline Martial-Salm organise le sous-sol en espace d’ethnographie et de traditions populaires. La bibliothèque et l’école de dessin ont quitté les locaux.
Devenu trop vétuste, le musée ferme ses portes au début des années 80, tandis qu’en 1977, le musée des Beaux-Arts du palais Carnolès est inauguré. Henry De Lumley, l’actuel directeur du Muséum national d’Histoire naturelle, élabore un projet d’exposition permanente de préhistoire régionale qui se concrétise en 1988 avec la réouverture du musée rebaptisé : musée de Préhistoire régionale. Le musée de la rue Loredan-Larchey retrouvait ainsi sa vocation de musée d’histoire naturelle et d’archéologie qui était celle du premier musée de Stanislas Bonfils.

UN PRÉCURSEUR, DES COLLECTIONS REMARQUABLES

Né à Menton en 1823, Stanislas Bonfils est musicien dans le corps des carabiniers de la Principauté de Monaco, dont dépendait Menton de 1838 à 1843. En 1860, année du rattachement de Menton à la France, il est nommé syndic des gens de mer, profession qu’il exerce jusqu’en 1878. Depuis l’âge de 35 ans, Stanislas Bonfils est un naturaliste amateur. Amoureux de sa ville, c’est un autodidacte féru d’archéologie, de préhistoire et de sciences naturelles. D’après ses propos recueillis par le Commandant Octobon, c’est même à partir de l’âge de dix ans que Stanislas fréquente les Rochers Rouges pour y ramasser « patelles et oursins avec son père, capitaine marin, et même y gratter la terre ». Conservateur du musée municipal de Menton de 1878 à 1906, il se retire ensuite à Nice où il meurt en 1909. Stanislas Bonfils épouse Marie-Louise Fornari en 1859. Trois enfants sont nés de cette union.
Ses recherches l’ont conduit à constituer deux sortes de collections : l’une, pratiquement détruite pendant la dernière guerre, comprenait en grande partie la faune du bassin mentonnais, un herbier très important et des échantillons de tous les fossiles et roches de la région. La seconde est constituée par le produit des fouilles préhistoriques qu’il fit aux grottes de Grimaldi (voir encadré). Celle-ci a aussi beaucoup souffert lors des déménagements. Stanislas Bonfils a surtout travaillé dans la 4ème grotte, dite « Barma Grande » où il trouva en 1884 le « 2ème homme de Menton »(1). Ne restent aujourd’hui que le crâne et des membres inférieurs, ainsi que des éclats de silex, exposés au musée.

GROTTES DE GRIMALDI

  • Les 4 grottes fouillées par Bonfils : grotte des enfants, grotte Florestan,
    grotte du Cavillon et grotte Barma-Grande.
  • Les découvertes
    (une 20e de sépultures retrouvées dans 3 grottes) :
  • Grottes des enfants :
    6 individus (au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye) et une sépulture double conservée au musée de Monaco.
  • Grotte du Cavillon :
    « L’homme de Menton » découvert en 1872(1)
  • Grotte Barma-Grande :
    7 individus, dont le « 2ème homme de Menton » découvert en 1884 par Bonfils.

« L’homme de Menton » :

Les grottes de Grimaldi ont servi de lieu de sépulture, il s’agit des plus anciennes sépultures d’Europe.

Civilisation du paléolithique supérieur 25 000 av. J.C.
« L’homme de Menton » : homme de Cro-Magnon de grande taille, mort à l’âge de 40 ans. Ses mains étaient croisées sur la poitrine, sa tête regardait à gauche et était ornée d’une coiffe.

Avec l’homme de Cro-Magnon, apparaît un nouveau type d’homme : l’homo sapiens sapiens qui succède à l’homme de Néandertal. Principale acquisition de l’art paléolithique : l’invention de l’art et des éléments du parure.

(1) : Le « premier homme de Menton » a été découvert en 1872 par le paléontologue Emile Rivière, dans la « grotte du Cavillon ». Il est exposé au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.

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